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QU’EST CE QUE L’ONIOMANIE ?



C’EST QUOI ?

L’oniomanie ou addiction comportementale aux achats. Ce mot vient du grec ônios qui signifie « à vendre », et manie qui vient latin mania, qui signifie « folie ».


L’oniomanie ou trouble de l’achat compulsif, n’est considéré comme une maladie que depuis les années 1990. Introduction depuis le DSM-5 (manuel de diagnostic des maladies psychiatriques et troubles mentaux) dans la catégorie des troubles compulsifs impulsifs : « C-I shopping », Tout comme d’autres comportements tels que : « C-I internet use disorder », « C-I Sexual behavior ».


Dans l’oniomanie, l’objet acheté n’a pas d’importance. Contrairement au collectionneur qui vise son achat, l’oniomane est focalisé sur la transaction, le moment d’excitation qui précède l’acquisition et le soulagement éprouvé par la suite.

L’achat dit « sain » va remplir ou répondre à un besoin (qui est réel ou que la stratégie marketing de l’objet nous a suggéré). L’achat compulsif devra se répéter car la personne se désintéresse de l’objet nouvellement acquis mais plutôt du fait d’acheter.


Ce trouble est souvent associé à d’autres troubles : trouble de l’humeur, anxiété, trouble des conduites alimentaires, état dépressif, troubles du comportement alimentaire, PTSD (Post Traumatic Stress Disorder) en parallèle, ou chez des sujets qui ont dans leur entourage des personnalités toxiques (sociopathe, narcissique).


On retrouve une impulsivité exacerbée, une dysfonction du cortex préfrontal, une altération du contrôle des impulsions et des fonctions de prise de décision.


Il existe le plus souvent un problème de gestion des émotions (négatives en particulier) avec un trouble de la personnalité associé, dont le narcissisme. Lors d’une perte de contrôle pendant un achat compulsif, les zones du cerveau associées à l’émotion et à la récompense sont activées, alors que le cortex préfrontal peine à exercer son pouvoir de contrôle et d’inhibition.


Caractéristiques spécifiques des achats compulsifs :

  • Accomplissement solitaire et achats cachés à son entourage

  • Souvent des cadeaux à soi-même ou pour les autres

  • Souvent choisis en fonction de l’image sociale associée

  • Investissement de la situation d’achat (1/3 achats considérés comme une occasion exceptionnelle à ne pas manquer – soldes, promotions …)

  • Objet a moins d’intérêt que la comportement d’achat

  • Objets acquis souvent moins utilisés que prévus (culpabilité et regret suite à l’achat)


QUI EST CONCERNE ?

Il y a encore peu d’études ou de chiffres concernant ce trouble, mais globalement, on peut observer une prévalence entre 6 % et 7 %, en population générale. On estime à 3 % le taux de personnes atteintes en Europe (contre 5,6 % aux USA).


Le ratio hommes/femmes s’équilibre ces dernières années, mais le caractère et le type d’achat sont différents : mode, accessoires, décoration, maquillage (chez les femmes), électronique, musique, hifi et voitures (chez les hommes).


L’âge moyen des personnes atteintes est de 30 ans, mais le trouble et la pratique de l’oniomanie, débutent en général à l’adolescence, vers 17 ans.


QUELLES EN SONT LES CONSEQUENCES ?

Il existe un grand nombre de répercussions sur l’individu et son entourage (couple, enfants, travail…), avec :

  • en premier lieu des conséquences financières avec des risques accrus de surendettement pouvant amener au vol, détournement, arnaque, multiples prêts, pouvant entraîner une détention dans certains cas extrêmes. L’endettement toucherait 83% des acheteurs compulsifs.

  • Mais aussi des dommages psychologiques, avec un isolement, une culpabilité et une honte omniprésentes, un trouble anxieux majoré, des troubles du sommeil, une dépression, pouvant aller jusqu’au suicide.


ÉVALUER LE TROUBLE

En premier lieu, le médecin traitant est le premier interlocuteur pour échanger sur le problème. Il pourra effectuer une première évaluation en utilisant un test de repérage (Compulsive Buying Scale). Le diagnostic nécessite une évaluation clinique en utilisant les critères du DSM-5. Il doit être réalisé par un médecin (traitant ou spécialiste comme un psychiatre ou un addictologue). Vous trouverez la liste des structures spécialisées en addictologie de la Nouvelle-Aquitaine sur le site www.addictoclic.com.



QUEL ACCOMPAGNEMENT ?

« L’approche motivationnelle et les psychothérapies sont les traitements de choix. La personne nous parle d’abord de son contexte et de ses motivations. Ensuite, nous explorons avec elle autant les bénéfices perçus lors des crises (ce qu’elle répare ou ressent en achetant) que les désagréments. Grâce à cette investigation, nous choisissons des stratégies pour réduire les risques d’exposition. » Yasser KHAZAAL Addictologue CHUV (Centre Hospitalier Universitaire Vaudois).


Ne plus sortir avec sa carte bancaire, demander à un proche de l’accompagner lors des sorties, se faire aider pour ses troubles associés (dépression, anxiété majeure, troubles du sommeil…), en parler à ses proches ou ne plus cacher ses achats font partie du traitement de l’oniomanie.


Des outils simples à mettre en place :

  • Se poser des questions et remplir un journal sur un carnet ou smartphone (qu’est-ce-qui déclenche mon envie ? Quelle est la nature de cette envie ? Quelle est mon humeur au moment de l’envie, combien de temps dure cette envie ? Quelle est son intensité entre 0 et 10 ?

  • Quelle stratégie je peux mettre en place pour ne pas céder à cette envie ? Quelle est l’efficacité de cette stratégie ?

  • Quelles stratégies alternatives je peux mettre en place lors de mes envies d’acheter, afin de les remplacer mes achats compulsifs par des envies plaisantes, de nouveaux hobbies ou des centres d’intérêt,

  • Il existe une graduation dans la pathologie, et dans les cas « sévères » il faut que le sujet prenne des dispositions pour se protéger et protéger ses proches, comme la demande de mise sous curatelle et ainsi confier la gestion de son budget à une tierce personne.




A NOTER :

L’oniomanie est reconnue juridiquement en France, une expertise psychiatrique déterminant la pathologie, peut faire annuler l’endettement devant les tribunaux.





Bibliographie :

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