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LES ACTUS DES DSP | LE CHEMSEX : UNE MOBILISATION DES PROFESSIONNELS DE SANTÉ

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MAIS ALORS, DE QUOI PARLE-T-ON ?

Le ChemSex, ou « sexe sous substances », désigne la consommation intentionnelle de produits psychoactifs dans un contexte sexuel. Cette pratique vise à initier, faciliter, prolonger ou intensifier l’expérience sexuelle. Elle se caractérise par la prise de substances immédiatement avant ou pendant une activité sexuelle planifiée, souvent en groupe et pouvant s’étendre sur plusieurs heures, voire plusieurs jours.

La dimension intentionnelle constitue un critère déterminant : il convient de distinguer le chemsex des rapports sexuels survenant fortuitement sous l’effet de substances consommées sans finalité sexuelle.

Apparu dans les années 1990 au sein des communautés gays anglo-saxonnes, le chemsex ne se limite plus aujourd’hui aux hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH), bien que cette pratique demeure majoritairement décrite dans cette population.

Cette expansion s’explique notamment par l’émergence de nouvelles molécules psychoactives, l’évolution des modes de rencontre via les applications numériques et la diversification des pratiques de consommation.

Selon les enquêtes de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT), environ 13 à 14 % des HSH déclarent avoir pratiqué le chemsex au cours des 12 derniers mois. Une pratique qui se répand de plus en plus au sein de la communauté LGBTQ (Lesbiennes, Gays, Bisexuels, Transgenres, Queer). Cependant la prévalence du chemsex reste difficile à estimer.

 

UNE EVOLUTION DES PRODUITS AU FIL DU TEMPS

On retrouve le plus souvent des cathinones de synthèse (4‑MEC, 3MMC…), la cocaïne, la méthamphétamine (Crystal), parfois l’ecstasy/MDMA, la kétamine ou encore le GHB. Ces substances sont fréquemment consommées en association avec des produits plus courants, tels que le tabac, l’alcool, le THC et les poppers, dans une logique de potentialisation des effets.

 

Le recours au chemsex expose à de multiples risques somatiques, infectieux et psychiques.

À court terme, les complications incluent les surdosages, les mauvaises descentes, les plaies et abcès liés aux injections, ainsi que les contaminations par le VIH, les hépatites virales ou d’autres infections sexuellement transmissibles (IST). Des troubles cardiaques, hépatiques, rénaux et neurologiques peuvent également survenir.

À moyen et long terme, le risque de troubles addictifs est notable, associé à une perte de contrôle des consommations, une désocialisation progressive et des atteintes de la santé mentale (anxiété, épisodes dépressifs, troubles du sommeil, isolement).

 

Le chemsex constitue ainsi un enjeu majeur de santé publique, à l’intersection des problématiques de réduction des risques liés aux drogues, de santé sexuelle et de santé mentale. De plus en plus de personnes témoignent aujourd’hui de leur expérience, expliquant les raisons de leur entrée dans cette pratique et les démarches entreprises pour en sortir.

Malgré la reconnaissance croissante du phénomène, la France ne dispose à ce jour d’aucune évaluation d’interventions structurées destinées à accompagner les personnes pratiquant le chemsex ou à réduire les risques associés. Il est donc primordial de proposer aux chemsexeurs des outils de RDR spécifiques.

 

UNE MOBILISATION DES ACTEURS DE SANTE QUI SE RENFORCE


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Un exemple notable est celui de la coopération entre l’association AIDES et le Centre Hospitalier de Pau, qui illustre une approche pluridisciplinaire et coordonnée. Ce dispositif visait à offrir un espace d’écoute, de prévention et de réduction des risques adapté aux besoins spécifiques des personnes concernées, dans un cadre bienveillant et non stigmatisant. Un dispositif qui pousse à l’inspiration.


En une décennie, le chemsex est passé d’un phénomène marginal à une problématique de santé publique nécessitant une réponse coordonnée. La compréhension fine des usages, la formation des professionnels de santé et le développement d’interventions basées sur les principes de réduction des risques et du non-jugement apparaissent aujourd’hui essentiels pour répondre de manière adaptée aux besoins des Chemsexeurs.



Pour aller plus loin :



Sources :

  • Chemsex: Current state of knowledge https://doi.org/10.1016/j.toxac.2024.09.017

  • Targeted and untargeted screening of new psychoactive substances (NPS) and classical drugs of abuse in Paris using hair testing: A 10-years study (2012–2021) https://doi.org/10.1016/j.toxac.2022.06.113

  • Chemical sex (chemsex) in a population of French university students Malandain L, Mosser S, Mouchabac S, Blanc JV, Alexandre C, Thibaut F. Chemical sex (chemsex) in a population of French university students. Dialogues Clin Neurosci. 2022 Jun 1;23(1):39-43. doi: 10.1080/19585969.2022.2042163. PMID: 35860173; PMCID: PMC9286745.

  • Chemsex in France: A national study through interlaboratory collaboration under the auspices of the French Society of Analytical Toxicology (SFTA) https://doi.org/10.1016/j.toxac.2023.07.003

  • Livret d’information pour les professionnel[le]s et les intervenant[e]s de santé, Chemsex, RESPADD.

  • Gérome C., Milhet M., Tissot N., Madesclaire T. (2024) Chemsex, retour sur quinze ans d’usages de drogues en contexte sexuel. Note de résultats. Paris, OFDT, 17 p.


rédigé par Marina TOURON
rédigé par Marina TOURON

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