top of page

LA QUESTION DU MOIS – AVRIL 2021

QUI ÉTAIT MARY JEANNE KREEK ?

Mary Jeanne Kreek était un médecin spécialisée dans l’étude et le traitement des addictions de l’Université Rockefeller de New York. Elle était l’une des pionnières des traitements à base de méthadone aux États-Unis.

©rockefeller university


Le Pr Mary Jeanne KREEK était une scientifique américaine pionnière de la recherche dans le domaine des addictions, elle est décédée ce samedi 27 mars à l’âge de 84 ans à New-York (USA).


Alors que la mortalité à l’héroïne représentait la première cause de décès des jeunes adultes new-yorkais dans les années 60, Vincent Dole, professeur spécialiste en maladies métaboliques, créa un laboratoire au sein de la Rockefeller University destiné à rechercher une nouvelle approche pharmacologique dans le traitement de l’addiction à l’héroïne.


Marie Nyswander, psychiatre et autrice du livre « The heroin addict as a patient » et Mary Jeanne Kreek, qui achevait alors sa formation en médecine interne et neuroendocrinologie au New-York Hospital Cornell Medical Center, rejoignirent le laboratoire à l’automne 1963.


Les travaux de l’équipe Dole, Nyswander et Kreek furent primordiaux et posèrent les bases de l’addictologie moderne, en formulant le concept d’addiction en tant que maladie – « a metabolic disease » - du cerveau conduisant à des comportements de « drug hunger » et d’auto-administration en dépit des conséquences négatives envers soi et les autres. Ils démontraient ainsi que l’addiction à l’héroïne n’était pas simplement un comportement criminel ou découlant d’une personnalité antisociale ou d’un autre trouble de la personnalité.


Les recherches menées au sein du laboratoire permirent notamment de démontrer l’efficacité de la méthadone dans le traitement de l’addiction à l’héroïne. Molécule agoniste des récepteurs opiacés (encore non découverts à l’époque !) administrable par voie orale et de longue durée d’action, permettant aux héroïnomanes de retrouver une qualité de vie et un fonctionnement socialement acceptable. C’est en 1973 que la Food and Drug Administration (FDA) approuva finalement la méthadone en tant que traitement de l’addiction à l’héroïne.


Mary Jeanne Kreek a dédié sa vie et sa carrière à la recherche dans les addictions, avec des contributions majeures dans le développement de la buprénorphine, mais aussi dans la génétique des addictions, en identifiant notamment des modifications génétiques liées aux addictions aux opioïdes mais aussi à l’alcool, au cannabis ou encore à la cocaïne.


Profondément humaniste, elle a tenté de combattre le stigma de l’addiction à travers ses recherches, ses écrits, ses prises de parole et ses interventions lors de colloques scientifiques, prônant toujours un accès aux soins plus important pour les usagers.


En France, ce n’est qu’au milieu des années 1990 que le traitement par méthadone obtint enfin l’autorisation de mise sur le marché. On estimait à 62 500 le nombre d’usagers bénéficiant d’un traitement par méthadone en France en 2017 (OFDT). L’initiation d’un traitement par méthadone n’est possible qu’au sein d’un centre spécialisé (CSPA, hôpital) ; son renouvellement est en revanche autorisé par la médecine de ville.


SOURCES :


L’odyssée de la méthadone, Mary Jeanne KREEK, ATHS 2009 : https://www.youtube.com/watch?v=Obxetp5WFa4

US Department of Health and Human Services (1994) Traitement à la méthadone. Manuel Américain (traduit par la Fondation Phénix). Éditions Médecine et Hygiène S.A., Genève.

bottom of page