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COMMENT LES INDUSTRIELS DU TABAC S’ADAPTENT À LA BAISSE DE CONSOMMATION DE TABAC ?



Une volonté de monde sans fumeur

Depuis plusieurs dizaines d’années, les différents gouvernements mondiaux s’engagent dans une lutte contre le tabagisme, obligeant les industriels du tabac à s’adapter. En France, la balance bénéfice/risque du tabac est largement déficitaire. Le coût social du tabac est de 120 milliards d’euros[1] alors que les recettes liées aux taxes ne sont que de 10 milliards d’euros. Depuis 2014, les programmes nationaux de lutte contre le tabagisme ont permis une diminution historique de 6 points en 5 ans du nombre de fumeurs réguliers (29,4% en 2016 à 23,7% en 2020).

Les adaptations des industriels du tabac

Le prix du paquet

Les taxes représentant 82% du prix du paquet, il est difficile pour les industriels de jouer sur un prix attractif. Cependant, en septembre 2020, un effort a été fait pour diminuer le prix moyen du paquet à 9,90 euros, repassant ainsi sous la barre symbolique des 10 euros.[2]

Le retour des cigarettes mentholées Depuis mai 2020, il est interdit de vendre des cigarettes mentholées. Cependant, il existe 2 adaptations des cigarettiers pour contourner cette loi :

  • Les cigarettes “fresh” : les industriels jouent sur un flou de la loi qui n’interdirait pas la présence de menthol sous forme chimique. La Direction Générale de la Santé (DGS) a ouvert une enquête.

  • Les perles saveurs : il s’agit d’introduire une bille de saveur (menthol, pêche, cassis, …) dans le filtre à l’aide d’un dispositif spécifique, permettant au fumeur de “fabriquer” lui-même les cigarettes interdites à la vente.


Le tabac chauffé ou « Heat not burn »

Le principe de base de ces dispositifs est le chauffage du tabac à une température inférieure à celle de la cigarette classique, ainsi le tabac est dit chauffé et non brûlé. En théorie, ces cigarettes sont d’une toxicité moindre par rapport aux cigarettes « classiques ». Ces dispositifs étant sous la législation des « produits assimilés au tabac », au même titre que les e-liquides, ils ne disposent pas de l’obligation des paquets neutres. On retrouve ainsi, souvent disposé en hauteur chez les buralistes, des petits paquets au marketing attractif. En France, on retrouve les dispositifs IQOS et Glo.

Concernant leur moindre toxicité, il n’existe actuellement que très peu de recherches indépendantes évaluant leur niveau de risque.[3]

Aider les fumeurs à arrêter …

Le géant du tabac Philip Morris, dont le siège social se trouve en Suisse, a investi en 2021 près de 2 milliards de francs suisses dans des entreprises spécialisées dans les inhalateurs médicaux (Vectura et Fertin Pharma). Ces dernières sont notamment actives dans le soin aux maladies liées au tabagisme et dans l'absorption de principes actifs. Avec ces achats, Philip Morris investit non seulement dans des entreprises qui participent aux soins aux personnes qui souffrent de maladies liées au tabagisme, mais très certainement aussi dans des recherches qui permettent de continuer à développer les technologies pour absorber de la nicotine autrement. De cette manière, la compagnie continue son travail de diversification abordé avec l'IQOS.[4]

Faire preuve de discernement

Les industriels du tabac s’adaptent, et améliorent leur image comme lors de la pandémie de COVID en finançant le matériel de protection des buralistes ou en aidant des hôpitaux ou associations dans des pays comme la Grèce, la Roumanie ou l’Ukraine.[5]

Ils continuent leur lobbying, comme par exemple, l’embauche de Derek Yach par Philip Morris. Derek Yach a dirigé l’initiative pour un monde sans tabac de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pendant presque dix ans. Il est maintenant responsable du développement de « réduction des risques liés au tabagisme » au sein de la firme.

En conclusion

Le point positif, est que les mesures actuelles, mondiales ou gouvernementales, mettent en difficulté les industriels du tabac et les forcent à concevoir leur avenir dans un monde sans tabac, du moins sans tabac fumé.



Sources

[1] OFDT, le coût social des drogues en France. 2015. Disponible en ligne sur https://www.ofdt.fr/BDD/publications/docs/eisxpkv9.pdf



[3] « Fiche d’informations sur les produits de tabac chauffés », WHO.int. Disponible sur : https://www.who.int/tobacco/publications/prod_regulation/heated-tobacco-products/fr/




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